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Les plus grands insectes de France métropolitaine

Quand on parle d’insectes de grandes tailles, on pense, à juste titre aux espèces exotiques des forêts tropicales.
Pourtant, pas besoin de prendre l’avion pour voir des insectes impressionnant et parfois peu connu dépassant les 3 cm et flirtant avec 15 cm !
Le grand point positif de ces insectes : pas besoin de loupe pour les observer correctement.
Cet article ne fait pas la liste complète des grands insectes de France métropolitaine mais donne de nombreux exemples chez différents ordres d’insectes de grandes espèces aussi bien rares ou communes.
Le but est d’aiguiser votre curiosité afin d’en apprendre plus sur ces espèces trop souvent mal aimées.
Bonnes découvertes et en espérant que vous croisiez la route de ces « petits géants ».

Éphéméroptères :

La mouche de mai (Ephemera danica) est un grand éphémère qui émerge des rivières non polluées en mai-juin (d’où son nom français). Sa durée de vie est très brève (quelques jours au maximum) d’où son nom d’éphémère.
Elle mesure 4 cm de long, ce qui en fait une des plus grande éphémère de France.

Odonates (libellules et demoiselles) :

L’anax empereur, Anax imperator, est une des plus grandes espèces de libellules d’Europe. Elle appartient à la famille des Aeshnidae.
Mesurant généralement 70 à 85 mm de long, son envergure peut atteindre 110 mm.
Son thorax est vert (uniformément vert de profil), l’abdomen du mâle adulte est bleu orné d’une bande noire dorsale, celui de la femelle est vert avec une bande noire également.

Larve de libellule de la famille des Aeschnidae, la larve mesure plus de 5 cm de long.

Névroptères (fourmilion, ascalaphes…) :

Myrmeleon formicarius, le fourmilion commun, est un insecte de l’ordre des névroptères.
Il vit dans des zones dégagées et sèches. L’adulte ressemble superficiellement à une libellule, mais dispose, au repos, ses ailes transparentes comme un toit à double versant qui recouvre le corps long de 35 à 45 mm ; il possède deux antennes en massue. Le dessus de la tête est noir ou brun. 

La larve creuse un entonnoir dans des terrains meubles, sablonneux (souvent à l’abri de la pluie) pour capturer de petits insectes (dont des fourmis). Elle se tient au fond de la cavité d’où émerge parfois la tête qui est prolongée de mandibules puissantes, recourbées, très mobiles et creuses.
Photo ci contre : ensemble d’entonnoir creuser par des larves de fourmilions.

Larve de fourmilion hors de son terrier.
Dans son entonnoir, au besoin, la larve se sert de sa tête comme d’une pelle, elle lance des grains de sable pour accélérer la chute de la proie. (On peut d’ailleurs initier cette réaction en manipulant une fine brindille à proximité du piège). Lorsque la proie est arrivée à bonne portée, la morsure a lieu, des enzymes sont injectés, la digestion mène à la liquéfaction des organes internes, le liquide nutritif est ensuite aspiré et la dépouille rejetée hors du piège.

Orthoptères (sauterelles-criquets-grillons) :

Saga pedo, la magicienne dentelée, est une espèce d’insectes orthoptères de la famille des tettigoniidés. La magicienne dentelée est une sauterelle à large répartition mondiale, puisqu’on la rencontre de la France jusqu’à l’Ouest de la Chine.
La magicienne dentelée est un insecte aptère. C’est le plus grand orthoptère de France : elle mesure environ 7 centimètres auxquels s’ajoutent 4 centimètres pour l’ovipositeur. Du fait de sa large répartition, les variations de dimensions au sein de l’espèce sont grandes : au Nord, elle mesure en moyenne 59 millimètres et pèse 3 grammes ; au Sud, elle atteint 80 millimètres et 8 grammes.
L’espèce se reproduit par parthénogenèse, il n’y a donc pas de mâle.

Le criquet égyptien,Anacridium aegyptium, est le plus grand criquet de France en mesurant 5 à 6 cm de long. On le retrouve sur toute la région méditerranéenne, il n est donc pas introduit, contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom.
On le retrouve à l’état adulte en hiver souvent près des maisons : il cherche un endroit abrité pour hiverner.
Hiverner chez les criquets est rare : chez la majorité des espèces de criquet la forme adulte meure durant l’hiver, ce sont les œufs qui survivent à cette difficile période.
Pour distinguer criquet et sauterelle : les criquets ont des antennes courtes (plus petites que la tête) alors que les sauterelles ont des antennes longues à très longues

Cette espèce de criquet s’identifie facilement par sa taille et ses yeux qui sont striés verticalement.
Cette espèce n est pas à confondre avec le criquet migrateur : au contraire du migrateur, l’égyptien ne pullule pas, il ne représente donc pas un danger pour l’agriculture.
Si vous le capturez attention, ses pattes sont fragiles mais peuvent vous infliger une petite douleur comme une « pichenette ».

Decticus albifrons, le dectique à front blanc, est une espèce de sauterelles de la famille des Tettigoniidae.
Cette espèce se rencontre du bassin méditerranéen jusqu’à l’Asie centrale. En France, le dectique à front blanc remonte vers le nord jusqu’aux départements de la Loire, du Rhône, du Cantal, du Lot, et, par la côte atlantique, de la Charente-maritime et du Maine-et-Loire.
Avec une taille comprise entre 32 et 40 mm, le dectique à front blanc compte parmi les plus grands orthoptères présents en Europe occidentale. L’insecte est assez trapu et présente une coloration brun-gris. Les ailes présentent des stries blanches et dépassent largement la longueur du corps. Chez la femelle, l’oviscapte atteint parfois près de 2 cm. La tête est massive et possède des mandibules puissantes susceptibles notamment d’infliger des morsures conséquentes.

C’est une espèce typiquement méditerranéenne qui se cantonne aux endroits chauds et secs. Il fréquente notamment les pelouses sèches, les garrigues, maquis et parfois les vignobles et les vergers. Son régime alimentaire se compose de végétaux divers et de petits insectes capturés dans les touffes d’herbes et autres buissons près du sol. L’insecte est adulte dès le mois de juillet et subsiste jusqu’en novembre

Ephippiger ephippiger, l’Éphippigère des vignes, est une espèce d’insectes orthoptères de la famille des Tettigoniidae.
On l’appelle aussi porte-selle, porte-hotte ; tizi, jeudi ou pantigue dans le Sud de la France.
Elle se rencontre en Europe, sauf le Nord-Ouest de la France (Somme, Pas-de-Calais, Nord), le Benelux et les îles Britanniques.
Sur cette photo, elle se situe dans des plants de bourraches au moi de septembre.
Cette sauterelle se nourrit de végétaux : feuilles de vigne, ronces, pissenlits… et aussi d’insectes3. Comme les vignes sont très souvent traitées par divers produits phytosanitaires, elle est sérieusement menacée dans ce type d’habitat.

Mantoptères :

La Mante religieuse (Mantis religiosa) est une espèce d’insectes de la famille des Mantidae originaire du bassin méditerranéen.
Elle mesure entre 40 et 90 mm, le mâle est plus petit et plus grêle que la femelle. La plus grande mante en France, est répartie quasiment sur tout l’hexagone.
Insecte de grande taille, de coloration très variable selon les individus, de beige clair à brun foncé, en passant par le vert. Les pattes ravisseuses antérieures sont très bien visibles. Les ailes sont développées pour le vol uniquement chez les mâles. Les femelles ont les ailes un peu plus courtes, elles atteignent à peine l’extrémité de l’abdomen.
Les adultes sont visibles de juillet à novembre.
Espèce méditerranéenne, sa répartition en France ne se limite pas au Midi méditerranéen, elle est observable jusqu’au nord de la Normandie et de l’Ile-de-France ; entre 0 et 1200 m d’altitude (surtout au-dessous de 700 m).

Parfois appelée « le tigre de l’herbe » en raison de ses mœurs voraces, la Mante religieuse se nourrit d’insectes vivants qu’elle attrape avec ses pattes avant et immobilise en dévorant parfois d’abord leurs tête puis le reste du corps jusqu’à l’extrémité de l’abdomen, comme ici pour ce criquet.

Phasmoptères :

Clonopsis gallica, le phasme gaulois, est une espèce d’insectes herbivores de l’ordre des phasmoptères.
Cette espèce est commune de l’Europe du Sud et se rencontre sur le pourtour méditerranéen du Portugal à l’Italie.
C’est le plus courant des 3 espèces de phasmes français, il mesure 7 cm de long sans ses pattes.
Il a pour particularité, comme beaucoup d’autres phasmes, d’être mimétique avec des brindilles, rendant ainsi son observation difficile.

Hyménoptères (abeilles, guêpes, fourmis) :

Le Xylocope, Xylocopa violacea, ou « abeille charpentière », est l’un de nos plus grands et plus impressionnants Hyménoptères. Cette espèce appartient à la famille des Apidae ou « abeilles ».
Le Xylocope est une abeille dite « solitaire »car elle ne vit pas en colonie.
On voit ici 3 xylocopes qui pollinisent un arbuste de romarin en mars.

L’insecte atteint 45 à 50 mm d’envergure, pour une longueur de 25 à 30 mm, et il est fondamentalement noir-violacé, le violacé étant plus nettement marqué au niveau des ailes, et perceptible sous incidence favorable.

Le frelon européen ou frelon (Vespa crabro) est une espèce d’hyménoptères eusociaux de la famille des Vespidés ressemblant à une guêpe commune mais de taille deux fois plus importante ; il s’agit de la plus grosse des espèces de guêpes européennes.
Ici, le frelon se délecte de reste de fruit dans une boite à compost. Le frelon européen s’identifie facilement par la couleur rouge de sa tête et son thorax.
Le frelon européen est un insecte social qui forme des sociétés comparables à celle des fourmis, la reine atteint jusqu’à 35 mm, les ouvrières font de 18 à 25 mm et les mâles de 21 à 28 mm.

Coléoptères :

Chalcophora mariana ou « Grand Bupreste du Pin« : 25-32 mm, bronzé plus ou moins cuivreux ou presque noir, ne fait pas de dégâts car sa larve n’attaque que les arbres morts… Le milieu naturel de ce coléoptère est constitué de sous-bois aérés et ouverts, composés de troncs d’arbres morts. Idéalement, il s’agit d’espaces forestiers précédemment détruits lors d’incendies.

Les Buprestidae ou Buprestidés forment une famille de coléoptères herbivores essentiellement forestière et tropicale, dont on connaît environ 15 000 espèces, dont 165 en France.
Les buprestes ont la forme du corps allongée cunéiforme (terminée en pointe émoussée)  ainsi qu’un thorax robuste.

Le grand capricorne, cerambyx cerdo, se reconnait facilement par ses antennes géantes. Très impressionnant lors de son vol, on croit voir un petit oiseau de loin.

Vu de profil du grand capricorne, cerambyx cerdo, qui peut atteindre de 3 à 6 cm de long.
La forme adulte se rencontre de mai à août sur le tronc des vieux chênes, plus rarement de vieux châtaigniers. Cet animal crépusculaire et nocturne peut néanmoins être observé dans la journée sur des fruits mûrs.

Au stade larvaire, le Grand Capricorne est strictement xylophage : il consomme le bois dans de vieux chêne d’abord juste sous l’écorce puis plus au cœur de l’arbre.

Le scarabée rhinocéros, Oryctes nasicornis, est une espèce de coléoptères de la famille des Scarabaeidae.
Sa longueur de 20 à 40 mm en fait l’un des plus gros coléoptères qui se rencontrent en France.

Chez cette espèce, le dimorphisme sexuel est accusé. La tête du mâle est surmontée d’une longue corne recourbée en arrière, qui n’est pas présente chez la femelle comme ici sur la photo.

 

Larve de scarabée rhinocéros. Il s’agit d’une larve de type mélolontoïde : comme chez le hanneton commun, mellonta mellonta : blanches, courbées et molles, on parle familièrement de « vers blancs ».
Elle se développe dans les matières végétales en décomposition, se nourrissant de bois et de débris ligneux généralement non résineux.
Elle vit entre la terre et du bois en putréfaction, dans les parties pourrissantes de vieux arbres, dans le terreau, les tas de compost et de feuilles mortes, les rebuts des tanneries et des scieries.
Arrivée à maturité, elle mesure 60 mm de long. La durée de son développement est de 2 à 4 ans.

Vu de profil du grand capricorne, cerambyx cerdo, qui peut atteindre de 3 à 6 cm de long.
La forme adulte se rencontre de mai à août sur le tronc des vieux chênes, plus rarement de vieux châtaigniers. Cet animal crépusculaire et nocturne peut néanmoins être observé dans la journée sur des fruits mûrs.

Le dytique bordé, Dysticus marginalis est l’un des plus gros coléoptères de la mare : il mesure 5 cm de long.
Ici on le voit entrain de prendre l’air  à la surface de l’eau.  C’est un prédateur de la mare : il se nourrit de larves d’insectes ainsi que de de têtards.

Dytique bordé, capturé dans l’eau à l’aide d’une épuisette.

« Le vampire de la mare » : une larve de dytique qui attend sa proie.
On parle de vampire car la larve ne possède pas de bouche et absorbe la nourriture par ces deux crochets qui sont creusés d’un sillon.
Les larves de dytique se nourrissent par exemple de têtards.

Diptères (mouches et moustiques) :

Le tipule, ou « cousin » est un genre de diptères dont leur aspect rappelle celui d’un moustique de très grande taille. Cependant, ce n’est pas un insecte piqueur. Cet insecte n’est pas nocif pour l’homme mais peut être envahisseur.
Ici on le voit posé sur la vitre d’une fenêtre.

Accouplement de Tipules dans une prairie, la taille des feuilles de trèfles en arrière donne l’échelle : c’est un insecte qui peut dépasser les 3 cm avec ses pattes.

La milésie faux-frelon ou milésie frelon (Milesia crabroniformis) est une espèce d’insectes diptères de la famille des Syrphidae.
Les Syrphidae ou syrphes sont une famille de mouche dont la majorité des espèces présentent un mimétisme avec les hyménoptères : guêpe, bourdon, frelon, abeille….
On peut rencontrer les adultes de juin à octobre dans des forêts au feuillage persistant ou caduc (chênes, hêtres, bouleaux) ; ils se nourrissent de nectar, de préférence au soleil, sur les fleurs de diverses plantes (comme ici les lavandes).

Comme le rappelle son nom vernaculaire faux-frelon, cet insecte ressemble, par ses couleurs, son vol bruyant et sa taille, au frelon européen (Vespa crabro) mais, dépourvu de dard, il est inoffensif. Ce syrphidé relativement rare est le plus grand parmi les espèces européennes. Les adultes atteignent 22 à 25 mm de long.

Tachina grossa, la tachinaire corpulente est une mouche de la famille des Tachinidae. C’est la plus grosse mouche d’Europe.
Elle mesure de 15 à 18 mm de long, d’un noir anthracite, non poudré. L’abdomen gonflé, recourbé, entièrement noir, est couvert de soies robustes et raides. La tête est jaune, avec une pilosité occipitale jaune.
Active de fin juin à début septembre, elle fréquente les fleurs pour leur nectar. Elle a le vol d’un bourdon.

Lépidoptères (papillons) :

Le plus grand papillon d’Europe : le grand paon de nuit, Saturnia pyri, avec 15 cm d’envergure !
Il doit son nom à des cercles de couleur (« ocelles » rappelant l’ornementation des plumes de la queue des paons) sur ses quatre ailes.
Ces ocelles sont mimétiques : elles ressemblent à des yeux et permettent d’intimider d’éventuels prédateurs.

Le papillon adulte est visible de fin mars à juin. Il ne s’alimente pas, d’où une durée de vie réduite : il vit environ une semaine, laps de temps uniquement dévolu à la reproduction, comme la photo ci contre qui montre un accouplement la femelle à droite (avec un abdomen très gros car contenant les futurs œufs).

Chenille de grand paon à côté d’un marteau de géologue, la chenille mesure 10 cm de long et elle est épaisse ! On la reconnaît facilement à ses petits points bleues. Les plantes nourricières de la chenille sont des arbres fruitiers et forestiers (l’amandier, le prunier le cerisier, le frêne…)

Cocon contenant la chrysalide de grand paon de nuit découvert sur le tabouret d’un salon de jardin.

En juillet, sur une inflorescence de lavande, un grand papillon noir et blanc, le silène, Brintecia circe. Ces grands papillons volent à partir de la fin mai et pendant tout l’été jusqu’en automne.

En avril, sur une inflorescence de Lila, le papillon Flambé, Iphiclides podalirius. Un des plus grands et beaux papillons que l’on peut trouver dans les champs de lavandes. On le trouve dans toute la France métropolitaine.  Le Flambé a sur ses ailes des motifs zébrés caractéristiques.

Bibliographie :

https://fr.wikipedia.org/

https://www.insectes-net.fr/

-Inventaire national du Patrimoine naturel : https://inpn.mnhn.fr/

 

Publication : mai 2023
Auteur(s) : Pierre-Jean Riou, professeur de SVT

Crédits photos : Pierre-Jean Riou – Mathilde Maillefaud