La découverte de molécules de cholestérol d’un demi-milliard d’années permet d’établir que Dickinsonia est l’un des premiers animaux connu au monde.
Photo ci dessus : un spécimen de Dickinsonia présent au Muséum de l’Ardèche, taille : 2 cm de diamètre. Ce spécimen a été trouvé en Russie près de la mer Blanche. Il date de 558 millions d’années.
Voilà près de 70 ans que les paléontologues étudient ces fossiles aux formes étranges datés de la fin du Précambrien (571 millions à 541 millions d’années).
Aujourd’hui la découverte de traces de cholestérol (une signature de la vie animale -) sur un ensemble de fossiles bien conservés découverts en Russie près de la mer Blanche (même gisement que le fossile présent au Muséum de l’Ardèche) permet de préciser l’appartenance de ces étranges créatures.
Les fossiles étudiés publiés dans la revue Science du 21 septembre 2018 proviennent d’une falaise située sur les rives de la mer Blanche, dans le nord-ouest de la Russie, où, pendant 550 millions d’années, les roches ont échappé à la chaleur et à la pression pouvant anéantir les traces moléculaires.
Les fossiles de l’Ediacarien et du Cambrien :
Les macrofossiles de l’Ediacarien (-635 à -541 Ma) sont aussi «étranges que la vie sur une autre planète» et ont échappé à la classification taxonomique, avec des interprétations allant des animaux marins ou des protistes unicellulaires géants aux lichens terrestres.
Cette période géologique doit son nom aux collines Ediacara, situées à 650 km au nord d’Adélaïde en Australie.
Les fossiles de ces organismes ont été découverts dans le monde entier et font partie des plus anciens organismes pluricellulaires complexes connus. Voilà près de 600 millions d’années la Terre sort progressivement d’une longue période de glaciation (Cryogénien) la faune de l’Édiacarien se développe lors d’un événement appelé explosion d’Avalon il y a 575 Ma.
Cette faune disparue en grande partie simultanément avec l’apparition de la biodiversité Cambrienne, connue sous le nom d’explosion cambrienne avec les faunes de Chenyiang (Chine)et de Burgess (Canada).
Les biomarqueurs permettent de comprendre beaucoup plus précisément la parenté de ces fossiles :
Selon le paléontologue Douglas Erwin du Musée national d’histoire naturelle de la Smithsonian Institution, à Washington, ces traces chimiques «nous donnent une façon complètement différente de comprendre ce qui se passe. La présence de biomarqueurs lipidiques extraits de macrofossiles Ediacarien préservés organiquement clarifient sans ambiguïté leur phylogénie. Dickinsonia et ses proches produisaient uniquement des cholestérolides, une caractéristique des animaux. Nos résultats font de ces membres emblématiques de cette faune les plus anciens animaux macroscopiques connus à l’état fossile, indiquant que l’apparition de cette faune Ediacarienne était en effet un prélude à l’explosion cambrienne de la vie animale. »
Gordon Love, géochimiste à l’Université de Californie (UC), Riverside indique «C’est un style de conservation organique très inhabituel. Nous ne nous attendions généralement pas à trouver ces films organiques, il y a donc quelques caractéristiques bizarres qui requièrent une évaluation plus poussée. » Pourtant, conclut-il, « Dickinsonia produisait le cholestérol – et était donc un animal. »
D’après : revue Science de septembre 2018
Auteur(s) : Bernard Riou, paléontologue, expert scientifique au Muséum de l’Ardèche (Balazuc).
Publication : 01/10/2018
Commentaires récents