Les myriapodes ou mille pattes sont un groupe d’arthropodes bien connu et souvent mal-aimée…
Cet article a pour but d’illustrer la diversité des groupes de myriapodes que l’on peut rencontrer assez facilement : sous une pierre, en jardinant, ou dans sa maison… Cet article s’intéresse également à l’origine de ce groupe.
L’ensemble des photos ont été prise en France métropolitaine.
Bonnes découvertes !
Qu’est ce qu’un myriapode ?
Les myriapodes sont des arthropodes de forme allongée et ayant au moins 9 paires pattes marcheuses à l’âge adulte, souvent beaucoup plus, mais aucun mille pattes en possède mille…. Certaines espèces de myriapodes en possèdent plusieurs centaines tout de même.
Quelles sont les différents groupes de myriapodes ?
Les espèces de myriapodes se répartissent en 4 groupes : pauropodes, symphyles, diplopodes et chilopodes.
Les pauropodes et symphyles sont des groupes contenant des espèces de petites tailles, qui sont aveugles et généralement incolores.
On retrouve les espèces de ces deux groupes seulement dans des sols toujours humides.
Ces 2 groupes sont peu facile à observer et moins connus.
Plus précisément :
– Pour les symphyles, ils sont translucides, ils mesurent de 2 à 10 mm, seule une espèce peut mesurer jusqu’à 3 cm (Hanseniella magna). Ils ont une tête arrondie avec une très longue paire d’antennes et ils ont toujours 12 paires de pattes.
– Pour les pauropodes signifiant « pauvre en pattes », ils ont 9 à 11 paires de pattes, ils sont de forme cylindrique et ils sont tous petits :de 0,5 à 2 mm.
Les chilopodes et diplopodes sont les deux groupes les plus connus de myriapodes. Ces deux groupes sont détaillés ci-dessous.
Les Chilopodes :
Les chilopodes du grec « chilo » mille et -pode « patte » sont un groupe de myriapodes prédateurs.
Chez les chilopodes chaque segment porte une paire de pattes sauf le premier dont la paire d’appendices est transformée en paire de crochets à venin appelés « forcipules » (du latin forceps, « tenaille »).
Ces forcipules permettent de saisir et de tuer leurs proies. Certaines espèces peuvent avoir des morsures douloureuses pour l’humain pour les plus grandes espèces.
Les chilopodes sont des prédateurs nocturne de beaucoup d’autres arthropodes et de vers de terre.
Scutigère :
Un mille pattes communs dans nos maisons : la scutigère véloce, l’animal est ici sur le mur d’une cuisine.
On retrouve cette espèce dans toute l’Europe et plus fréquemment dans les zones à climat chaud.
Elle se reconnaît facilement avec ses 15 paires de longues pattes et notamment la paire de pattes là plus en arrière qui sont plus grandes que le corps.
La scutigère est nocturne et prédatrice : elle capture à l’aide de ses crochets venimeux = forcipules, de nombreuses proies tels des mouches, des araignées, blattes, lépisme… c est donc un « insecticide naturel ».
Photo ci-contre : Vue de face d’une scutigère véloce, on observe bien ici les forcipules sous la tête.
La scutigère ne présente aucun danger pour l’humain car elle a un comportement de fuite, elle ne se défend que si on la capture et elle se sacrifie en abandonnant ses pattes pour s’échapper
Géophile :
Un géophile : de « géo » la terre et phile « aimer », il s’agit donc d’un mille patte appréciant la terre : les géophiles vivent dans le sol.
Photo du haut : Les géophiles peuvent être assez long, comme ici un individu qui mesure 20 cm !
Photo du bas : Vue de face de l’avant d’un géophile, on voit à côté de lui un œuf translucide : il s’agit d’un œuf d’escargot de quelques millimètres de diamètre.
Les géophiles se reconnaissent à leur très nombreuses paires de pattes : plus de 25 !
Cryptops :
Myriapode du genre cryptops. Ce myriapode a une forme allongée ; il présente 21 segments avec une seule paire de pattes par segment. De couleur orange vif, il ne possède pas d’yeux.
Vue de face d’un myriapode du genre cryptops : ses forcipules sont bien visibles.
Scolopendre :
La scolopendre ceinturée ou scolopendre méditerranéenne , Scolopendra cingulata. Il s’agit du plus grand scolopendre de France avec 10 cm de long.
Photo de gauche : vue de dessus et photo de droite : vue de dessous.
On reconnait les scolopendre par leur corps aplatit dorso-ventralement et leur nombre de pattes : de 21 à 23 paires.
Observation des forcipules du scolopendre ceinturé.
Cette scolopendre ne présente pas de danger pour l’homme : son venin a une toxicité faible et est bien moins toxique que celui des espèces tropicales géantes, cependant sa morsure est douloureuse et peut entraîner de la fièvre.
Elle utilise ses crochets pour capturer les blattes, araignées et les escargots dans la garrigue.
Les diplopodes :
Les diplopodes sont un groupe de myriapode détritivore.
Du grec « diplo »double et -pode « patte ». Chez les diplopodes chaque segment porte deux paires de pattes d’où « diplo ».
Ce groupe est totalement inoffensif, pour se protéger lorsqu’ils se sentent menacé, ils s’enroulent sur eux mêmes et ils peuvent émettre une odeur nauséabonde.
Ils jouent un rôle très important dans le recyclage de la matière végétale et notamment celui des débris de feuilles : on a pu calculer que, selon les biotopes, ils peuvent prendre en charge à eux seuls de 1 à 11% de ce recyclage.
Ils sont la proies de nombreux animaux : lézards, oiseaux, amphibiens, petits mammifères et de nombreux coléoptères.
Gloméris :
Le gloméris à tâche fauve (Glomeris guttata). Bien que ressemblant à des cloportes, les gloméris font parties du groupe des milles pattes.
Tout comme les cloportes, dès qu ils se sentent menacé, ils peuvent se rouler en boule.
Ils vivent dans la litière : partie supérieure du sol contenant de nombreux restes de végétaux en train de se décomposer.
Autre espèce de gloméris : le gloméris marginé (Glomeris marginata), cette espèce se reconnait aisément aux bandes jaunes clairs le long de son corps.
Iules :
Iule vue de profil.
Les iules se trouve sous des feuilles mortes ou sous des pierres, lorsque le temps est humide, on peut les voir se déplacer lentement, comme ici sur un tapis de mousse.
Les iules se reconnaissent à leur forme cylindrique.
Iule côte à côte avec un cloporte.
Attention les cloportes ressemblent à des myriapodes du groupes des gloméris mais ce sont des crustacés.
Photo d’un iule qui est enroulé en position défensive.
Polydesmes :
Découverte dans le sol du jardin d’un polydesme.
Les polydesmes sont de petits milles pattes (maximum 5 cm), ils sont parfois surnommé les mille-pattes à épaulette.
Il s’agit d’un détritivore qui fuit la lumière, on le retrouve donc en soulevant des troncs, des pierres, il est fréquent dans la litière au milieu des feuilles mortes.
Photo de deux polydesmes côte à côte : le plus petit est un individu plus jeune, il est de couleur blanche car il vient juste de muer.
Quelle est l’origine des myriapodes ?
Les fossiles de myriapodes restent rares comme pour les autres arthropodes car ils n’ont pas de coquilles ou de squelette minéralisé comme chez les vertébrés.
On peut donc retrouver des fossiles de ce groupe que dans des sites fossilifères particuliers où les parties molles ont pu être préservé, comme ci dessous trois exemples présentés au Muséum de l’Ardèche : fossiles de myriapodes dans la diatomite, dans de l’ambre et du charbon.
Fossile de myriapode chilopode datant du Miocène, il y a 8 millions d’années.
Ce fossile a été découvert dans la diatomite de la montagne d’Andance (Ardèche – France).
Fossiles de 2 myriapodes datant du Lutécien, il y a 44 millions d’années.
Ces fossiles ont été découvert dans des morceaux d’ambre de la Baltique au niveau de l’enclave de Kaliningrad (Russie).
Le fossile de gauche est un chilopode du groupe des lithobies (3 cm de long).
Le fossile de droite est un diplopode du groupe des iules (2 cm de long).
Segment d’un myriapode géant (5 cm) : Arthropleura armata datant du carbonifère, il y a 310 millions d’années.
Ce fossile a été découvert dans du charbon provenant de Pologne (Haute-Silésie).
Dans le documentaire, « Sur la Terre des géants, la vie avant les dinosaures » de la BBC, les réalisateurs du documentaire ont imaginé un combat au carbonifère entre 2 des plus grandes espèces de l’époque, il y a environ 300 millions d’années :
– Le mille pattes géant du genre Arthropleura (voir fossile ci-dessus) dont certaines espèces mesuraient plus de 2 mètres de long !
– Un amphibien du genre Proterogyrinus, sorte de salamandre géante ressemblant à un lézard.
Les myriapodes ont donc été parfois géant au cours de l’histoire de la Terre, notamment au carbonifère, du fait d’une atmosphère plus riche ne dioxygène comme on peut le voir avec le genre arthropleura.
Le groupe des myriapodes est encore plus anciens que la période carbonifère (360 à 300 millions d’années) :
Les plus anciens fossiles connus date du Silurien moyen soit 428 millions d’années, ils ont été trouvé en écosse : ce sont des diplopodes.
Fossile d’un des plus anciens myriapode diplopode connu : Kampecaris obanensis provenant du British Geological Survey.
Ce fossile a été trouvé sur l’île écossaise de Kerrera.
Les myriapodes seraient donc les premiers arthropodes a avoir conquis le milieu terrestre : c’est le début de la « sortie des eaux » des animaux.
Bibliographie :
–Classification phylogénétique du vivant, tome 2, édition 4 Lecointre et Le Guyader
– Diversité animale Histoire, évolution et biologie des Métazoaires,D.Poinsot, M. Hervé, B. le Garrf, M. Ceillier
–https://fr.wikipedia.org/
-https://www.sciencesetavenir.fr/
Publication : avril 2024
Auteur(s) : Pierre-Jean Riou, professeur de SVT
Crédits photos : Pierre-Jean Riou
Contact : sciencesnature.fr@gmail.com