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Histoire récente de l’agriculture en France

Grandes lignes de l’histoire de l’agriculture en France de 1850 à aujourd’hui

L’Histoire récente de l’agriculture en France peut se comprendre facilement à l’aide de 4 faits :
– La population française a doublé entre 1850 et les années 2000 passant de 30 à 60 millions d’habitants : il faut donc nourrir plus de personnes
– La déprise agricole, c’est à dire le recul des superficies cultivées. Elle contribue à transformer certains paysages en profondeur : certaines surfaces difficilement cultivable (relief) sont abandonnées et remplacés par des friches, forêts.

-Le rendement agricoles des cultures a fortement augmenté : il a été plus que triplé par exemple pour le blé entre 1945 et 2000.
-Les français mangent plus de viande. Par exemple si on compare la consommation de viande entre 1960 et 2018, elle a augmenté de 14 %  (voir https://www.agreste.agriculture.gouv.fr/). Or l’élevage demande de grandes surface agricole pour fournir de la nourriture aux animaux.

Globalement il a fallut produire plus de nourriture sur une surface moindre.
L’augmentation importante des rendements est donc une réponse à la problématique de nourrir plus d’habitants et notamment avec plus de viande et  moins de surface agricole utilisée.

Afin de revenir sur ces changements agricole très importants en France, nous diviserons en 3 parties cette histoire :
I/Polyculture régionale et vivrière de 1850 à 1945
II/Remplacement de l’agriculture vivrière en agriculture intensive de 1945 à 2000
III/Agriculture intensive dominante et développement de nouveaux types d’agricultures

Graphique : Évolution de la population française de 1800 à 2000 :

I-Polycultures régionale et vivrière de 1850 à 1945 :

De 1850 à 1945 (fin de la seconde guerre mondiale), les rendements agricoles en France sont faibles. L’agriculture durant cette période repose sur des cultures diverses en une région donné : on parle alors de polycultures.
 L’agriculture vivrière est une agriculture essentiellement tournée vers l’autoconsommation et l’économie de subsistance. La production est en grande partie auto-consommée par les paysans et la population locale. Aujourd’hui, cette forme d’agriculture demeure d’une importance capitale dans le « tiers monde ». Elle représente environ 20 % de la production alimentaire mondiale.

Comparaison sur le site remonter le temps de l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) d’une zone agricole en 1947 et 2020 au sud de la ville de Saint-Lô en Normandie.

On peut observer qu’entre 1947 et 2020 :
-Il y a moins de parcelle de champs visible (66 contre 19)  et ceux ci sont plus grands : il s’agit d’un remembrement, c’est à dire  une opération foncière visant à transformer un parcellaire morcelé pour faciliter la motorisation de l’agriculture
-La surface agricole totale a diminué dû fait de l‘artificialisation : en haut de la photo, on voit le remplacement de champs par des routes, usines…

II-Remplacement de l’agriculture vivrière en agriculture intensive de 1945 à 2000 :

Après 1945, les progrès techniques (tracteurs, développement des industries de fabrication d’engrais, insecticides…) répondent aux défis de nourrir la population en constante augmentation (baby-boom). L’agriculture vivrière est peu à peu remplacée par une agriculture intensive.
Agriculture intensive :
mode d’agriculture pour lequel les rendements sont hauts. Elle produit le plus possible dans une surface donnée. Pour cela, elle nécessite de nombreux intrants.  Cette agriculture permet de nourrir une population nombreuse alors que la surface cultivable disponible est réduite. Sa production est destinée à être exportée.

Ainsi, on observe de 1945 jusqu’en 2000, une augmentation du rendement des céréales françaises : pour le blé tendre par exemple, le rendement a été multiplié par 6 par rapport à la période avant 1945.

 

Sur la période 1961-2000 :
Taux de croissance de 260 %

Augmentation du rendement par an : +0,14 tonnes/hectare
Sur la période 2000-2021 :
Taux de croissance de près de 0 %

Augmentation du rendement par an : 0 tonnes/hectare

Cette intensification de l’agriculture est guidée notamment par la politique de la PAC : Politique agricole commune qui est entrée en vigueur à partir de juillet 1962 en France.
La PAC est une politique qui a lieu à l’échelle de l’union européenne : c’est la plus importante des politiques communes de l’UE avec environ 35 % du budget européen dédié à celle-ci.
Cette PAC est fondée principalement sur des mesures de contrôle des prix et de subventionnement, visant à moderniser et développer l’agriculture.

Les cinq objectifs précis de la PAC à son origine sont :

  • accroître la productivité de l’agriculture en développant le progrès technique et en assurant une utilisation optimale des facteurs de production, notamment de la main d’œuvre
  • assurer un niveau de vie équitable à la population agricole, notamment par le relèvement du revenu individuel de ceux qui travaillent dans l’agriculture
  • stabiliser les marchés
  • garantir la sécurité des approvisionnements
  • assurer des prix raisonnables aux consommateurs.

 

III- Agriculture intensive dominante et développement de nouveaux types d’agricultures de 2000 à aujourd’hui :

Depuis les années 2000, la grande majorité des surfaces agricoles sont restés intensives et de ce fait, les rendements sont restés constants durant cette période.

L’impact de plus en plus importants de l’agriculture intensive en termes de pollutions de l’environnement et de perte de biodiversité, tend au développement récent d’une agriculture extensive ou d’une agriculture intensive raisonnée (utilisant moins d’intrants) qui protège plus l’environnement.
L’agriculture extensive est, par opposition à l’agriculture intensive, un système de production agricole qui consomme moins d’intrants par unité de surface et se caractérise par des rendements relativement faibles. Le terme recouvre dans les faits une grande diversité de pratiques et d’objectifs.
En France, une volonté politique de réduire la consommation de pesticides est amorcée depuis 2008 sous le nom de « plan Ecophyto ».

Le plan Ecophyto 1 a été un échec, l’objectif étant de réduire de 50 % l’utilisation des pesticides entre 2008 et 2015, leur utilisation a été au contraire augmenté de 12%.
Aujourd’hui, c’est donc le plan Écophyto II+ qui succède au plan Ecophyto I et II qui matérialise les engagements pris par le Gouvernement et apporte une nouvelle impulsion pour atteindre l’objectif de réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50% d’ici 2025.

 

 

Logo de l’agriculture biologique en France AB et de l’agriculture biologique européenne : feuille étoilée.

– L’agriculture biologique peut utiliser certains pesticides : les molécules de synthèses sont interdites comme le glyphosate, mais certains produits comme le sulfate de cuivre sont utilisés. En moyenne on peut dire que l’agriculture biologique limite au maximum l’utilisation de pesticides tant en nombre de produits utilisables quand terme de quantité utilisée.
– De la même manière, en agriculture biologique les engrais naturels sont autorisés alors que les engrais artificiels, nécessitant beaucoup d’énergie pour leur fabrication sont interdits.

 

 

En France, l’envie de changement de modèle agricole s’observe notamment par l’augmentation de surface en agriculture biologique.
Entre 2014 et 2019, la surface d’agriculture biologique a doublé, ce qui est très encourageant.
Cependant un frein à cette croissance est le fait que pour le consommateur, un produit issu de l’agriculture biologique, est généralement plus cher car il demande plus de main d’œuvre et c’est une agriculture avec des rendements plus faibles.
Ainsi en 2022/2023, lors d’une période d’inflation (augmentation générale des prix de nombreux produits), certains consommateurs se sont détournés des produits biologiques car ils devenaient trop cher pour leur pouvoir d’achat.