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Faune bord de mer, animaux de l’estran

Faune bord de mer, animaux de l’estran

Les marées sont l’occasion de découvrir la faune de nos rivages.
Cette faune riche et diversifié permet de rencontrer des groupes d’animaux que l’on ne rencontre pas ou rarement sur la terre ferme.
Photo ci contre : Bord de mer en Vendée – au nord des Sables d’Olonne à marée basse, où les rochers découverts sont propices aux nombreuses découvertes.

Les photos présentées ici sont issues de plusieurs plages à marées basses en Bretagne et Vendée.

Eponges :

Les éponges sont des animaux simples : elles ne possèdent ni système nerveux, ni système digestif. Ce sont parmis les plus anciens animaux connus sur Terre : les plus anciens fossiles d’éponges date de 540 millions d’années.

Anatomie :

Elles sont composés de trois couches cellulaires : l’épiderme, l’endoderme et entre ces deux couches la mésoglée.
La mésoglée peut contenir des spicules, sorte de squelette des éponges. Les spicules fournissent un soutien structurel et permettent une défense contre les prédateurs. Les grands spicules visibles à l’œil nu sont appelés mégasclères, alors que les plus petits microscopiques sont appelés microsclérès.

Mode d’alimentation :

Les éponges sont des animaux filtreurs qui se nourrissent de microparticules : bactéries, algues unicellulaires, débris organiques, ne dépassant en général pas quelques microns. Le courant d’eau nécessaire est créé par le mouvement de cellules ciliées spécifiques des éponges : les choanocytes. L’eau rentre par une myriade de petit trou et ressort par les gros trous : l’oscule

Tethya citrina : l’orange citron ou l’orange de mer de Manche-Atlantique est une éponge qui a une forme quasi sphérique et un diamètre compris entre 2 et 10 cm, mais elle peut aussi présenter une forme plus écrasée en patatoïde. Cette éponge présente une couleur orange qui tend souvent vers le jaune plus ou moins pâle voire le blanchâtre.

Photo de gauche : Observation à marée basse en Bretagne d’une Tethya Citrina bien sphérique et de couleur orangée.

Photo de droite : Tethya citrina déchirée, on observe à l’intérieur distinctement de grands spicules visibles à l’oeil nu : on parle de mégasclères.
La ressemblance de cette éponge avec le fruit va au delà de l’aspect visuel puisqu’en la coupant en deux sa structure interne évoque celle d’une orange.

L’Éponge mie de pain ou croûte de pain ou éponge volcan (Halichondria) est une éponge commune sur la zone de balancement des marées.
Elle forme des croûtes épaisses, plus ou moins irrégulières, englobant parfois galets, petits blocs rocheux ou stipes d’algues. Sa surface est lisse et brillante.
Les oscules petits et ronds sont au sommet de courts tubes ou cheminées disposés en lignes sinueuses donnant l’aspect de petits volcans.

Cnidaires :

Diversité d’anémones sur la côte, de gauche à droite : l’anémone verte (Anemonia viridis), l’anémone fraise (Actinia fragacea) et l’anémone solaire (cereus pedunculatus).
Les anémones sont des animaux appartenant à l’embranchement des cnidaires.
Les cnidaires constituent un embranchement d’animaux aquatiques (essentiellement marins). Ils se retrouvent sous deux formes : lorsqu’ils sont fixés, on parle de polypes : c’est le cas des anémones de mer. Lorsqu’ils sont nageurs, alors ce sont des méduses. Certaines espèces alternent entre les deux formes.
Les anémones possèdent une symétrie radiaire (circulaire) d’ordre 6 (hexacoralliaires) comme les coraux. Ce qui signifie que l’on retrouve 6 segments ou un multiple de 6 autour d’un axe central. Les anémones possèdent ainsi un nombre de tentacule qui respecte un multiple de 6.

Echinodermes :

L’embranchement des échinodermes regroupe cinq classes d’animaux : les oursins, étoiles de mer, concombre de mer, ophiures et crinoïdes.

L’ophiure fragile est une ophiure très commune, sa couleur est très variable : blanc, jaune, orange, vert, bleu, rose, rouge. Elle se rencontre sur les fonds caillouteux mais aussi sur les fonds sablo-vaseux, depuis quelques mètres jusqu’à 4000 mètres de profondeur.
Il s’agit d’un organisme lucifuge (il craint la lumière) que l’on rencontrera quasi-exclusivement sous les pierres, dans les failles. Son nom provient de sa fragilité : dès qu’on la manipule, l’ophiure ses bras se brisent.
Ce sont des organismes filtreurs passifs qui sont capables également de se nourrir de petits invertébrés : vers, petits crustacés…

Vidéo d’une étoile de mer glaciaire se déplace sur le sable à l’aide de ses podia.
On peut observer les podia facilement en retournant l’étoile de mer et en regardant sous chacun de ses bras.
Les podia (singulier podion) sont aussi nommés en français pieds ambulacraires, ces organes se présentent sous la forme de petits tubes mous, cylindriques et creux, contractiles voire rétractiles. Ils sont reliés au système aquifère des échinodermes, qui commande leur turgescence. Ils peuvent se terminer ou non par une « ventouse ».

L’oursin des sables

Comatule trouvée lors d’une marée en Bretagne, espèce : Antedon Bifida – taille : 5cm de diamètre.
Cette espèce est rencontré dès les premiers mètres jusqu’à des profondeurs
de 450 m, mais il est abondant principalement de 15 à 40 m.
Elle est exceptionnellement découverte en bas de l’estran lors des grandes marées.

Insectes et chélicérates :

Le nymphon gracile, un petit pycnogonide du bord de mer. Le nymphon gracile est carnivore et se nourrit principalement d’Hydraires, petits animaux coloniaux, qu’il prélève et amène à sa bouche à l’aide de ses chélicères. La trompe peut contribuer à aspirer les proies.
Les pycnogonides sont des animaux marins qui ressemblent aux araignées c’est pour cela que l’on les appelle les araignées de mers.
Ce ne sont pourtant pas des araignées mais un groupe proche : les pycnogonides.
Les pycnogonides et les araignées font partis d’une même famille d’arthropodes : les chélicérates. Les chélicérates possèdent tous des chélicères : ce sont deux appendices proche de la bouche se terminant par deux crochets.
Les pycnogonides se caractérisent par un petit corps mince et des pattes extrêmement longue par rapport au corps. La tête est allongée dans sa partie antérieure par une trompe en forme de bâtonnet.

Ensemble de Petriobus maritimus, le pétriobe maritime que l’on trouve en bord de mer dans des pelouses soumises aux embruns marins. Il mesure ici 15 mm de long.
Le pétriobe maritime est un archéognathe.
Les archéognathes sont des insectes allongés et cylindrique de 6 à 26 mm de long. Ils possèdent deux gros yeux composées contigus (qui se touches).
Ils ont deux longs palpes maxillaires qui leur permet d’appréhender leur environnement.
Ce sont des animaux nocturnes qui fréquentant la litière, les mousses. Ils se nourrissent, d’algues, de lichens ou de détrititus

Crustacés :

Un petit crabe du genre des macropodes. Ce macropode se camoufle en coupant des algues qu’il fixe sur sa cuticule, ici de nombreux morceaux d’algues rouges sont présentes sur son corps

Le crabe marbré, Pachygrapsys marmoratus, est un petit crabe à carapace carré avec ou sans marbrures jaunes.
Il vit en zone mediolittorale, c’est à dire sur des zones régulièrement émergés et immergés.
Il est omnivore : il mange des algues, de petits invertébrés et de matière organique morte.
Il est capable de mouvements très rapide le rendant difficile à attraper.

Ensemble de balanes sur les rochers. Les balanes sont de petits crustacés fixes qui sont fermés à marée basse.

Balanes à la loupe binoculaire dans une eau salée, les balanes s’ouvrent et des cirres sortent de leurs corps : elles se nourrissent en filtrant l’eau.

Le pouce-pied a ce nom car son pédoncule ou pied est dressé comme un pouce.
Le pouce-pied est un crustacé de la famille des cirripèdes. Il contient un ensemble de plaques blanches calcaires qui forme le capitulum, souvent bordé de rouge.
A l’intérieur, il y a un panache de cirres qui sont rétractées à marées basses.
Lors des marées hautes, le pouce pied déploie ses cirres pour se nourrir en filtrant l’eau (comme ses cousins les balanes).

Cette espèce vit en populations denses, dans des anfractuosités rocheuses au niveau de l’étage infralittoral : étage émergée seulement lors des très grands coefficients de marées.
Cet animal est hermaphrodite. Le pénis, très extensible, va féconder les individus avoisinants. Alors que les testicules occupent une grande partie de la masse viscérale dans le capitulum, les ovaires, quant à eux, sont logés dans le pédoncule.

C’est une espèce comestible réputée, sa valeur marchande atteint des prix considérables notamment en Espagne et au Portugal.
Sa pêche est réglementée depuis quelques années compte tenu de sa faible productivité liée à une croissance lente et une implantation réduite dans un biotope très particulier.

Mollusques :

Moulière sur la côte atlantique. Une moulière est un regroupement de moules sur le rivage. Les moules se développent dans des zones agitées, à forte activité des vagues qui viennent s’écraser contre les rochers. Dans cette zone, tous les animaux doivent donc se fixer fortement au substrat comme c’est la cas pour les moules.

La moule s’établit en agrégats sur les rochers. Les moules sont des mollusques bivalves, elles se nourrissent en filtrant l’eau grâce à leur branchies très développées.

l’helcion, Patella pellucida. Il est très facile à reconnaître de par sa petite taille : moins de 2 cm, et de par sa forme ovale et surtout avec ses 2 à 8 lignes radiales discontinues bleu métallique sur sa coquille.
Il n’est cependant pas très facile de les trouver : puisqu’ils sont petits et assez peu abondants, il faut faire parfois preuve d’un peu de patience avant d’en découvrir.

Une patelle en bord de mer : patelle adhérent parfaitement à la roche grâce à sa coquille épousant le relief de la roche à la perfection.
On les reconnait facilement par leur coquilles coniques.
A marée haute elle se déplace sur les rochers en broutant les films d’algues et bactéries se développant à leur surface.
A marée basse, on les retrouve toujours au même endroit, de sorte que le relief de la coquille corresponde à celui de la roche. Cela permet une fermeture étanche de la patelle. Cette étanchéité de sa coquille et son corps en forme de ventouse empêche de décrocher à la main les patelles.

Vue dans un aquarium du corps d’une patelle. Son corps en forme de ventouse adhère à la paroi.
Les patelles sont des gastéropodes (même classe que les escargots).

Un chiton ou polyplacophore.
Les polyplacophores sont un groupe de mollusques brouteurs d’algues que l’on trouve en majorité sur substrat rocheux dans la zone de balancement des marées : l’estran.
Leurs plaques articulées leur permettent de s’enrouler sur eux mêmes à la manière des cloportes.
Lorsqu’ils sont à découvert, ils sont si fermement attachés aux rochers qu’il en est difficile de les déloger. Cette adhésion au substrat leur évite le dessèchement lors des marées.
Les chitons n’ont pas d’yeux à proprement parler mais des organes sensoriels photorécepteurs sur leurs plaques : les esthètes. Ces structures en grand nombre renseignent l’animal sur la quantité de lumière dans l’environnement.

Nucelles : des gastéropodes prédateurs des moules.

Annélides :

Les Spirorbes sont des vers qui se reconnaissent facilement par leur tube en forme de spirale qui est à l’origine de leur nom.
A marée basse, les vers sont dans leur tube à l’abri du dessèchement. A marée haute, leur panache branchial sort du tube et leur permet de filtrer l’eau et ils peuvent se nourrir du plancton.

Vue à marée basse d’une sabelle le panache déployé. La sabelle Sabella pavoniva, est un ver annelé (de la même famille que le vers de terre) vivant dans un tube mou formé d’un mucus sécrété par l’animal et de vases agglutinées. Son tube peut mesurer jusqu’à 60 cm de long.

Cette espèce est trouvée de la surface à 25 m de profondeur.On la trouve souvent dans l’herbier : zone à zostères.
Le corps est formé de segments et n’est pas fixé au tube.

Les hermelles (Sabellaria alveolata) sont des vers marins qui construisent des structures appelées « pseudorécifs ».
Ces pseudorécifs qui sont constitué d’un ensemble de tubes accolés les uns aux autres.
On peut voir ces tubes en coupe longitudinale sur la photo à droite ci-contre.  Dans chacun de ces tubes vit un vers d’environ 4 cm de long.
Ces tubes sont constitués de sables et de débris coquilliers agglomérés par la salive de ces vers marins, formant alors une colle. Cette colle est nommé cément.
Les hermelles se nourrissent en capturant les particules en suspension dans l’eau. À marée basse, elles restent au fond de leur tube, fermé par un bouchon de vase pour les protéger du déssechement.

Urochordés :

L’ascidie blanche, phallusia mamillata, est une forme solitaire d’ascidie pouvant atteindre une taille de 20 cm de haut, cette espèce a un corps revêtu d’une épaisse tunique cartilagineuse, avec de nombreuses bosses saillantes et arrondies disposées irrégulièrement. Sa couleur est blanche, translucide avec des reflets bleuâtres. Son port est droit, fixé au substrat par la base. Elle est traversée de part en part par l’eau grâce à deux siphons : inhalant et exhalant

Le botrylle étoilé ( Botryllus Schloceri) fixé sur une algue brune.
Le botrylle est une colonie d’ascidies.

les ascidies sont des tuniciers : groupe frère des vertébrés.
Les tuniciers sont caractérisés par une épaisse tunique cellulosique, ici de couleur marron sur la photo.
Les ascidies vivent en filtrant l’eau et se nourrissent de petites particules en suspension dans l’eau.

Colonie de botrylle étoilé ( Botryllus Schloceri) sur un rocher.

Vue à la loupe binoculaire d’une « étoile » composant un botrylle étoilé ( Botryllus Schloceri).
Les individus vivent ensemble et forment des « étoiles », ils partagent leurs siphons exhalant au centre des « étoiles »