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Camouflage et mimétisme

Camouflage et mimétisme :

Il est facile d’observer lors d’une ballade des exemples de camouflages, le plus souvent chez les insectes.
Le camouflage est un procédé consistant à rendre un organisme indétectable vis à vis d’autres organismes par diverses techniques ex : homochromie (même couleur que l’environnement), mimétisme…

Le mimétisme est un type de camouflage : il s’agit de l’aptitude d’un organisme, le mime à copier la morphologie ou le comportement d’un autre organisme, le modèle, trompant ainsi un dernier organisme.

Mais alors pourquoi se cacher ou ressembler à une autre espèce ? A quoi sert la camouflage ? Cette page réponds en partie à cette question en vous présentant quelques découvertes lors de ballades naturalistes.

Se défendre en se camouflant : se fondre dans le paysage

Une des stratégies évolutive permettant d’éviter de se faire manger suit la maxime : « pour vivre heureux, vivons cacher ». Ainsi de très nombreuses espèces sont dissimulées dans l’environnement afin d’être le moins visible possible.

Un des insectes les plus célèbre pour son camouflage : le phasme, phasme signifie « apparition-fantôme » en grec. Il reste difficile à observer de part son mimétisme, c’est donc souvent par chance que l’on croise son chemin.
Il existe 3 espèces de phasmes en France métropolitaine.
Sur cette photo il s’agit de Clonopsis gallica : c‘est le plus courant des phasmes français, sa longueur totale (sans les pattes) est d’environ 70 mm. Ses principales caractéristiques sont : un corps grêle ayant une largeur d’environ 4 mm.

Des antennes très courtes, un abdomen ayant une extrémité arrondie et des cerques bien visibles vu de dessus.

Phasme de l’espèce Bacillus Rossius : c’est le plus grand et le plus rare des phasmes français, sa longueur totale (sans les pattes) est d’environ 90 mm. Ses principales caractéristiques sont :
– un corps ayant une longueur d’environ 9 à 10 cm pour une largeur d’environ 6 mm.
– des antennes longues (environ 10,0 mm) avec 20 à 25 articles.
– un abdomen à extrémité arrondie, les cerques sont bien visibles vu de dessus.
Plus d’infos sur les phasmes sur : http://www.asper.org

Mimétisme de la feuille pour le papillon citron, Gonepteryx rhamni. On peut observer sur ses ailes des nervures comparables aux feuilles.

Drepanepteryx phalaenoides est un névroptère, il vole d’avril à septembre dans les bois clairs aux sous-bois bien fournis. Sa longueur, de la tête à l’extrémité pointue des ailes, est d’environ 16 mm, son envergure varie de 22 à 32 mm. L’arrière des ailes présente une échancrure caractéristique. Très mimétique au repos, il ressemble à une petite feuille morte.

Le casside de la menthe, Cassida viridis, est un petit coléoptère de la famille des chrysomélidés.
Cet insecte atteint 8 à 10 mm de long. Le corps est plat et de forme ovale. Ses pattes sont cachées sous ses élytres.
Sa couleur verte rend la casside de la menthe difficilement visible sur une feuille verte.

Observation à la loupe binoculaire de Cassida viridis. Photo de gauche : vue de ses larges élytres de forme arrondis. Photo de droite : dessous du corps de couleur noir.

Mâle de grande cigale commune, Lyristes plebejus. Les cigales sont des insectes de l’ordre des hémiptères (punaises) présentes en climat suffisamment chaud. Elles sont le plus souvent entendues mais rarement observées du fait de leur couleur marron-grise qui les rends très peu visibles sur les troncs et branches.
Seulement les mâles « chantent » pour attirer les femelles. Dès qu’on approche d’une cigale entrain de chanter, celle-ci s’arrête afin de ne pas être repérée et ainsi échappé au potentiel prédateur que nous sommes.

Un criquet du genre des Oedipodes. La coloration du corps de nombreux Oedipodes est très variable en fonction du substrat sur lequel ces insectes se sont développés: brun-rougeâtre, grise, jaunâtre, ou même entièrement sombre ou clair.

Deux lagopèdes alpins, Lagopus muta.
Durant l’hiver, les lagopèdes alpins
ont un plumage de couleur blanche, les rendant très peu visible sur la neige.
Son plumage change de couleur au cours de l’année : il devient marron au printemps.

Le lagopède vit en haute montagne à l’étage nival, à la limite des neiges éternelles, on le trouve sur les versants dégagés, les crêtes rocheuses et les pelouses rocailleuses. En France, on le retrouve dans les Alpes et les Pyrénées.

Un lagopède alpin sur un rocher calcaire de couleur grise.
Les principaux prédateurs du lagopède sont des carnivores et des rapaces tels que le renard, l’hermine, la fouine, la martre, l’aigle royal, le faucon pèlerin et le hibou grand-duc.

Attaquer par surprise en se camouflant

 De nombreux prédateurs utilisent le camouflage pour attraper leurs proies par surprise en chassant à l’affût.

Une araignée crabe, genre des thomises attends sous une fleur de marguerite un potentiel butineur a attraper.
Son venin est très puissant : elle peut tuer un bourdon de deux fois sa taille quasi-instantanément.
De plus on la surnomme l’araignée caméléon car elle capable de changer de couleur ( en plusieurs heures) selon la plante où elle se trouve.
Il s’agit ici de la thomise enflée, Thomisus onustus.

 

Une araignée crabe vient de saisir un papillon qui fait 4 fois sa taille. Cette araignée est de couleur branche avec des lignes roses sur une fleur de centaurée.
il s’agit ici de la même espèce qu’à gauche : la thomise enflée, Thomisus onustus, elle se cractérise par les coins arrière proéminents formant des pointe au niveau de son opisthosome (abdomen).

 

 

La mante religieuse, Mantis religiosa, est un insecte très commun qui chasse à l’affût à l’aide de ses pattes ravisseuses. Elle est souvent de couleur verte, mais on peut aussi en trouver des mantes religieuses de couleur marron qui les rendent invisibles dans des prairies d’herbes sèches. Sur cette photo, elle se trouve dans un chant de lavandes et attend un pollinisateur imprudent.

Nèpe cendrée, Nepa cinerea, ordre des hémiptères, sous ordre des hétéroptères (punaises) au fond d’un ruisseau, on la surnomme « scorpion d’eau ». Ces deux pattes antérieures sont des organes dit « rapteurs ou pattes ravisseuses » : les pattes sont en forme de crochets permettant d’attraper des proies.
Elle chasse donc à l’affût avec ses pattes en restant invisible car souvent recouverte de vase dans le fond du ruisseau.

Un petit crabe du genre des macropodes. Ce macropode se camoufle en coupant des algues qu’il fixe sur sa cuticule, ici de nombreux morceaux d’algues rouges sont présentes sur son corps.

Une larve de libellule. Cette larve se camoufle en collant sur sa peau des petits éléments de la vase.

Une petite araignée sauteuse (salticide) myrmécomorphe = en forme de fourmi. Ce type de mimétisme permet d’attaquer par surprise les fourmis et/ou éviter les prédateurs chasseur d’araignées.
Cette araignée est petite (1 cm), elle a au niveau de son abdomen une ligne dessiné fessant penser que son corps et divisé en trois parties comme chez les fourmis (tête, thorax et abdomen) au lieu de seulement 2 (céphalothorax et abdomen) chez les araignées.
De plus, elle dresse ses palpes en l’air pour les faire ressembler aux antennes des fourmis.

Le mimétisme batésien : copier une espèce dangereuse

Le mimétisme batésien est une forme de mimétisme qui consiste, pour un organisme inoffensif, à imiter un autre organisme nocif (toxicité, goût désagréable, etc.).
Ce mode de mimétisme protège ainsi l’organisme inoffensif des prédateurs qui ont appris, à leurs dépens, à associer l’organisme imité à une mauvaise expérience.
Le mimétisme batésien est  d’autant plus efficace si les imitateurs sont moins nombreux que les organismes nocifs imités.

Il ne faut pas confondre ce mimétisme batésien avec le mimétisme mullérien. Le mimétisme mullérien est une forme de ressemblance biologique dans laquelle deux espèces toxiques non apparentées ou plus ont des motifs et des couleurs d’avertissement similaires (ex : couleur rouge des baies toxiques).

Le mimétisme batésien avec des hyménoptères (guêpes, abeilles, bourdons…).

Les hyménoptères sont un ordre d’insecte particulièrement copié puisqu’ils sont répandues, facilement reconnaissable avec leurs couleurs vives : jaune, orange souvent rayées.
De nombreux animaux font l’expérience amer d’une piqure de guêpe et évite donc de renouveler la rencontre.

Photo de gauche : Volucelle bourdon (mouche).
On reconnait la mouche notamment grâce à ses grands yeux globuleux et ses antennes plumeuses.

Elle est « déguisée » en bourdon pour intimider les prédateurs mais en plus, elle pénètre dans un nid de bourdon pour y déposer ses œufs.
Ses larves se développent en mangeant des détritus mais aussi les larves de bourdon.

Photo de droite : Un bourdon avec l’abdomen rouge et noir entrain de butiner une fleur de lavande. Il s’agit ici du Bombus lapidarius ou bourdon des pierres.

Photo de gauche : La milésie faux-frelon (Milesia crabroniformis) est une mouche mimétique du frelon européen. Elle est ici entrain de butiner des fleurs de lavandes. Le zoom sur la photo présente les balanciers ou altères (ailes atrophiées) qui sont agités rapidement pour maintenir la stabilité en vol.

Photo de droite : Frelon européen (Vespa crabro) entrain de se nourrir de fruit pourri dans un compost.

Il s’agit bien ici d’un papillon ! Une sésie du genre Bembecia.
Les Sesiidae ou sésies sont une famille de lépidoptères (papillons) dont les imagos ont la particularité d’avoir une apparence imitant celle de différents hyménoptères, et souvent des ailes transparentes.

Le clyte bélier, clytus arietis, est un coléoptère de la famille des cérambycidés (famille du longicorne). Il mesure environ 2cm.
Le clyte présente un étonnant mimétisme batésien par ses couleurs et son comportement qui évoquent la guêpe commune, surtout lorsqu’il marche rapidement au soleil en agitant les antennes.

Autres exemples de mimétisme batésien

Photo de gauche : La couleuvre vipérine (Natrix maura).Elle est appelée « vipérine » car ses motifs en zigzags sur le dos ressemblent à ceux de certaines vipères. A la différence de la Vipère, sa pupille est ronde, les écailles sur la tête sont larges.
A cause de sa ressemblance avec la Vipère, elle est souvent détruite. Pourtant cette espèce est inoffensive : elle ne cherche pas à mordre et n’est pas venimeuse, de plus elle est protégée, il est donc interdit de la détruire.

Photo de droite : La vipère aspic. Les vipères ont de petites écailles sur la tête et une pupille verticale, la forme de la tête est globalement triangulaire. C’est un serpent venimeux, qui utilise son venin principalement pour tuer ses proies, mais qui peut aussi l’utiliser pour se défendre.

 

Photo de gauche : Le petit paon de nuit, Saturnia pavonia

Photo de droite : Zoom sur une des ocelles de ce papillon. Les ocelles sont des taches circulaires colorées assimilables à des yeux par leur forme et leur disposition. Ces ocelles rappellent l’ornementation des plumes de la queue des Paons, d’où le nom de ce papillon.
Ces ocelles auraient pour fonction de surprendre et effrayer le prédateur, ou au contraire attirer l’attention vers une zone non vitale du papillon.

Mimétisme et camouflage chez les végétaux :

 Bien que moins rependue et moins connue, il existe également des exemples de mimétisme et camouflage chez les végétaux.

Les « pierres vivantes » ou lithops sont des plantes remarquables de par leur camouflage qui les protège des herbivores. Les lithops comprennent différentes espèces qui chacune ressemble à une pierre.
Ces plantes sont répandues dans les zones désertiques et semi-désertiques d’Afrique du Sud et de Namibie, uniquement. Généralement elles poussent dans un sol très sablonneux, pratiquement dépourvu de matières organiques.
Cette photo a été prise à l’arboretum de Nancy.

L’ophrys abeille, Ophrys apifera, est pollinisée par des abeilles solitaires.
La plante attire l’insecte en produisant une odeur qui imite l’odeur de l’abeille femelle. De plus, le labelle se comporte comme un leurre que l’abeille mâle confond avec une femelle. Le transfert de pollen se produit pendant la pseudocopulation qui s’ensuit.
Ainsi l’abeille mâle est berné par le mimétisme visuel et olfactif de l’ophrys.

Le camouflage, un moteur de l’évolution des espèces :

Le camouflage est un des moteurs de l’évolution qui rentre dans l‘hypothèse de la reine rouge proposée par Leigh Van Valen.
Cette hypothèse stipule que l’évolution des espèces peut s’expliquer par une course aux armements perpétuels  : l’évolution permanente d’une espèce est nécessaire pour maintenir son aptitude face aux évolutions des espèces avec lesquelles elle coévolue.
Cette hypothèse prend le nom de reine rouge car elle fait référence à Alice aux pays des Merveilles où dans une partie du récit, la reine rouge est obligé de courir avec Alice pour rester à la même place, tous comme les espèces qui évoluent en permanence (elles courent) pour survivre (rester à la même place).
Ainsi pour le camouflage, il y a une permanente coévolution des capacités sensorielles des animaux pour lesquels il est avantageux d’être capable de détecter les animaux camouflés, et les caractéristiques du camouflage des espèces qui se dissimulent. Les niveaux de camouflage et de capacités sensorielles peuvent être plus ou moins prononcés suivant les couples d’espèces prédateur-proie.