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La pyrale du buis

Un exemple d’espèce invasive : la pyrale du buis

Les buis sont des arbustes très communs dans tous le sud de la France en zone méditerranéenne. C’est une des espèces d’arbuste la plus abondante, de ce fait elle a un rôle structural dans l’écosystème Méditerranéen.
La pyrale du buis est une espèce provenant d’Asie : il s’agit d’une espèce exogène envahissante car elle n’a pas de prédateurs naturels en France, elle a été introduite par des cultures de buis importées.
Cette espèce figure sur la liste de l’organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes depuis 2008. Sa première mention en Europe date de mai 2007 en Allemagne dans le Bade-Wurtemberg; mais son abondance dès cette date laisse penser qu’elle a été probablement importée vers 2005.
Dès août 2008, elle est observée en Alsace, en 2015 on la trouve de la nord de la Drôme (Romans) puis en 2018 dans le sud de l’Ardèche (Vallon pont d’Arc).
Chaque
année, ce sont au moins trois générations de chenilles et papillons qui se développent.
La pyrale du buis est l’espèce invasive la plus virulente connu en France : elle se déplace rapidement et en seulement 3 ans dévore et tue tous les buis.
Elle se reproduit de manière exponentielle :
chaque femelles ponds des milliers d’œufs.

La chenille de la pyrale du buis et ses ravages

On découvre la pyrale du buis généralement de manière indirecte  : lorsque l’ensemble des buis ont leurs feuilles qui prennent des couleurs marrons.
Photo prise sur le massif du Coiron en Ardèche, en août 2018. Ce massif se situe entre 750 et 950 mètres d’altitude, ce qui n’a pas empêché la venue de la pyrale.

Une chenille de pyrale du buis entrain de se nourrir des derniers restes de feuilles d’un arbuste. Cette chenille mesure  4 cm de long.
Elle n’est pas urticante, on peut donc la prendre sans danger.

Une feuille de buis où l’on peut observer dessus une minuscule chenille d’à peine 2 mm.
Les petites billes marrons sont des déjections de chenilles.

Observation au microscope de deux coupes de feuilles de buis.
Photo de gauche : feuille de buis « normale »
Photo de droite : feuille de buis après avoir été mangée par une chenille.

La chrysalide de la pyrale du buis

Découverte d’une chrysalide de pyrale de buis protégée par les feuilles sèches de buis.

Émergence d’un papillon depuis sa chrysalide.

Le papillon de la pyrale du buis

Les deux morphes de papillons côte à côte : papillon noir et blanc.
La forme blanche avec des points noirs est la plus commune de 70 à 95 % des individus.

Zoom sur la tête d’un papillon de la pyrale (forme noire).

Les papillons de la pyrale du buis sont attirés par l’humidité d’un cours d’eau, d’une flaque ou comme ici des mousses humides. On observe alors de véritable pullulations de papillons proche des zones humides.

Une grande quantité de papillons meurent noyés puis ce décomposent, comme ici des centaines de papillons dans un petit ruisseau.
Cette décomposition massive peut entraîner des odeurs nauséabondes et dans des eaux stagnantes une eutrophisation du milieu.

Les papillons de la pyrale du buis se nourrissent sur des plantes très mellifères comme ici des fleurs décoratives dans le centre ville de Privas en Ardèche (été 2017), ou dans les champs de fleurs comme les cultures de lavandes.
Les papillons n’endommagent pas les fleurs qu’ils pollinisent mais leur nombre important peut gêner probablement les autres pollinisateurs traditionnels.

Les papillons de la pyrale du buis sont aussi très attirés par les éclairages nocturnes. Ils peuvent littéralement pullulés sous des lampadaires où sur des lumières extérieurs des maisons comme ici sur cette photo.

Effet de la pyrale du buis jusqu’à l’échelle du paysage :

3 ans après le passage de la pyrale du buis (à Rompon), il ne reste dans le paysage que le tronc mort de ce buis.
Le bois est sec et mort.

Rangée de buis mort dans la colline de la Banne, formant un étrange paysage de désolation.
Une minorité de buis ont cependant survécu : il y a à leur base des bourgeonnements de quelques timides branches.
Espoir ou dernières feuilles qui vont être dévorées ? Seul l’avenir nous le dira.

Cette colline a perdue tous ses buis en seulement 2 ans ! Photo prise dans la vallée du Rhône sur la commune de Rompon (Ardèche).
Les risques futures sont en plus de la perte du buis :
-Une plus grande probabilité d’avoir des incendies avec l’accumulation de bois morts.
-Les buis poussent régulièrement dans les falaises ou les zones très pentues. Leur disparition risque de provoquer des chutes de pierres.

Google Earth peut être un bon outil pour observer le changement de paysages dû à la pyrale du buis.
Ici photo satellite avec seulement 2 ans d’intervalle centré sur la commune du Pouzin (vallée du Rhône entre Valence et Montélimar, côté Ardéchois).
Photo de gauche : 07/09/2015 et photo de droite : 21/08/2017
En seulement 2 ans : les chenilles dévorent toutes les feuilles des buis.
Les buis ne meurent pas directement, dès la deuxième année des feuilles repoussent mais elles sont directement dévorés par les chenilles.
Privé de photosynthèse, le buis est donc obligé de mourir.
Ce qui supprime l’exclusive source de nourriture des chenilles de pyrale. On peut donc dire que le pire ennemi de la pyrale du buis actuellement est probablement elle même : elle s’auto-détruit en tuant tous les buis.
Peut être dans le futur un équilibre va s’établir entre le papillons, des buis plus résistants et de nouveaux prédateurs pour cette nouvelle espèce.

Colline entière devenant marron dans le Diois, près de Saillans : vallée de la Drôme. Photo prise en juillet 2018

Des patchs marrons révèlent où se situaient les buis dans ces collines. Photo prise depuis l’A7 au niveau de Montélimar en juillet 2018.

Quelles solutions pour sauver les buis ? :

Photo ci contre : reste d’une chenille de pyrale détruite à l’aide du traitement au Bacillus thuringiensis.

Les moyens de lutte restent actuellement bien faible :
Si vous avez quelques buis à protéger chez vous : il existe le traitement par le Le Bacillus thuringiensis (utilisé en agriculture biologique) couramment désigné par son acronyme Btk. Le Btk est une bactérie qui vit naturellement dans le sol. La chenille est infectée par cette bactérie lorsqu’elle dévore les parties de la plante traitée. Cette bactérie libère une substance toxique dans l’intestin des chenilles.
Problèmes de ce traitement : il tue les chenilles de toutes les espèces de papillons. Ce traitement est sensible aux UV et à la pluie, il faut donc faire des traitements régulier (1 fois toutes les 2 semaines pendant l’été).

Si vous préférez éviter le recours aux traitements, et si vous n’avez pas trop d’arbustes infestés, il est possible de faire une lutte manuelle :  ramasser les chenilles à la main (elles ne sont pas urticantes) et de les détruire. Autre moyen de contrôler l’infestation : douchez vos buis au jet d’eau sous pression.

Les pièges à phéromones : les substances achetées imitent les odeurs des femelles des pyrales. Les mâles se retrouvent alors attirés et piégés, ce qui limite leur reproduction.
Malheureusement cette technique coûte cher et ne fonctionne pas sur les œufs ou les chenilles. Si certains mâles ont fécondés des femelles en dehors de votre propriété, ces pièges ne fonctionneront pas.

Dans le milieu naturel, sur plusieurs kilomètres carrés aucune solution n’existe encore aujourd’hui.
Il est probable que d’ici 2025, le buis ne sera plus une espèce dominante en Méditerranée mais présente seulement à l’état de reliques dans des zones non infestées par la pyrale.